Les élèves de S4 francophones se sont retrouvés durant 3 heures à la bibliothèque de l’école pour participer à un atelier d’écriture collective visant à imaginer l’école verte de 2050.
Guidés par Antoine Brachet, directeur de l’intelligence collective chez Blue Nove, Dominique de Willemens du Réseau Idée et Mabrouck Rachedi, écrivain, ils ont pris la mesure de l’événement et des consignes qui leur étaient données. Puis, par groupe de trois et sous la pression du chronomètre, ils ont rédigé leur micro-nouvelle, guidés par leurs professeurs de français Mmes Libé, Moussard et Henry. L’ambiance était chaleureuse et studieuse, les groupes très actifs et concernés. Au bout d’une heure, les volontaires, nombreux, ont été invités à lire leurs productions, commentées par Deborah Leboah de Blue Nove qui en soulevait toute la profondeur.
Plus tard, les élèves volontaires de S4FrA ont présenté avec spontanéité et enthousiasme l’atelier et leurs textes aux élèves de S4 L2Fr.
Enfin, une exposition de ces textes illustrés a été faite en juin pour l’ensemble de l’école sur les fenêtres du bâtiment A.
L’atelier s’est très bien passé sur tous les plans. Les intervenants extérieurs comme les professeurs ont été enchantés de cette journée, de l’implication des élèves et des résultats fournis. Cette journée a permis aux élèves de se libérer de la pression scolaire qu’ils associent à l’écriture longue. Le fait de rédiger en temps limité, sans trop de contraintes et de façon collective les a motivés et a offert la possibilité à certains de se libérer. Ce fut également un beau moment de partage et ces 3 heures sont passées très vite pour tout le monde.
Une réflexion sur la place de chacun dans la construction d’une société plus durable a été mise en place par les élèves. Ils se sont également questionnés sur ce qu’ils imaginaient ou espéraient comme éducation à venir. Une cohésion s’est faite entre élèves et, même les plus timides ou turbulents, se sont engagés dans le projet. Cela a offert un climat plus serein et enthousiaste dans les classes le reste de l’année. Ils ont été fiers de leurs productions et heureux de les partager avec leurs camarades. L’équipe de français a été séduite par l’expérience, ainsi que l’équipe de direction.
- Quelques retours :
C’était super. Ça m’a beaucoup plu. Je n’avais jamais fait ça avant et ça donne envie d’écrire. – Maya
On s’est bien amusé. Et c’est moins stressant qu’en classe. – Luca
Tout est là, c’est avec des jeunes qu’il faut travailler. Ils se mettent directement à écrire, sans préjugé et sans se poser de question. C’est une formidable expérience. – Antoine Brachet
Ca fait du bien de voir vivre la bibliothèque et des adolescents heureux de partager autour de l’écriture. – Mme Fumire, bibliothécaire
J’ai vécu un moment fort avec des jeunes curieux et motivés. C’est précieux. Ca présage une belle suite pour notre société. – Deborah Lebloas
- Retrouvez ci-dessous les textes rédigés par les élèves :
– Nour, Adriana, Emilie –
11 Février 2050, je prépare mes affaires pour me rendre dans ma Green School…
J’enfourche ma trottinette automatique, qui dispose d’un système écologique brillant. Par l’action musculaire de mon pied, je recharge des piles épuisées. Celles-ci vont être utilisées pour le système d’alimentation d’électricité de l’école. Ce moyen de transport est répandu dans tout l’Ohio.
En arrivant à l’école, je dépose mes affaires dans mon casier prévu à cet effet. Je m’empare de produits ménagers, et de mon balai. Il est 8h du matin et j’entends déjà les railleries de mes collègues qui se rient de ma méthode de travail. Contrairement à elles, je ne suis pas assistée par des robots, je préfère me contenter des vieilles méthodes. En effet, je suis la dernière femme de ménage traditionnelle de mon état.
C’est alors que ma journée débute par le nettoyage des sentiers serpentant à travers les bosquets des jardins de l’école. Je m’occupe seulement du déblayage des feuilles mortes, faute de la présence de déchets alimentaires sur les sentiers. Il se trouve que les green schools sont dépourvues de poubelles car les sacs à dos fournis par l’école sont munis d’une poubelle portable, située dans la poche latérale du cartable. Ensuite, je me dirige dans le bâtiment principal afin de nettoyer les classes. Celles-ci sont très spacieuses, et possèdent un toit ouvrant sur le ciel. Les tables sont dotées de tablettes incrustées dans le plastique recyclé, servant de support d’écriture. Les enfants en difficultés ont à disposition un professeur en hologrammes qui complète les explications du professeur principal présent sur les lieux.
Midi sonne, je suis convoquée par le directeur. Il m’annonce mon renvoi immédiat. Mes mains sont moites. Un frisson me parcoure l’échine. J’entends à peine ses explications sur les causes de cette décision soudaine. Une histoire d’inefficacité en comparaison avec les machines élaborées de mes collègues. Encore une fois, mon ancienne méthode de travail datée ne plait pas à cette nouvelle société automatisée. Mais pourtant cette journée tragique a donné naissance à une idée qui a changé ma vie.
Peu après avoir quitté l’école, j’ai pris une résolution. Déterminée à ne pas me laisser marcher dessus, j’ai écrit une lettre au secrétariat de la présidente, la petite fille de Martin Luther King, pour plaider ma cause. C’est alors que mon mouvement a pris forme et s’est répandu dans la presse et dans les médias. Ma manière de penser a eu un impact imprévu sur la population qui privilégiait jusqu’alors l’intelligence artificielle. Je pars demain pour Tokyo. Je vais y présenter mon projet de remise en question de l’ampleur qu’ont pris les nouvelles technologies dans notre société, rendant les personnes passives. Comme le disait mon grand-père, un incident malencontreux peut provoquer un changement positif. Dans la vie, il faut se battre pour ses idées, quoique puissent en penser les autres.
– Robinson, Sascha, Théo –
11 février 2050, Tommy prépare ses affaires pour se rendre dans sa green school.
– Aujourd’hui, j’ai changé, pensa Tommy en rangeant sa trousse dans son sac.
Il se regarda dans la glace et pensa qu’il était différent.
Hier, le mardi 10 février 2050 la vision du monde de Tommy avait changé. A l’école, il était plutôt du genre moqueur, ou à faire rigoler la galerie. Mais, hier, le cours de philosophie de Mr Bhaktari l’avait captivé.
Le cours avait commencé de façon normale, Tommy s’était encore demandé pourquoi il avait pris cette option et il avait commencé à faire des blagues sur le nom de son prof. Au bout de 10 minutes, Tommy n’avait toujours pas compris de quoi parlait le prof et quand celui-ci l’interrogea, cela lui fit tout drôle…
– Et toi Tommy, qu’en penses-tu ?
Tommy regarda tout autour de lui sans savoir sur quoi portait la question. La classe, avec de grand murs verts, était remplie de plante qui avaient dû être vertes autrefois, les tablettes et l’ordinateur des profs aussi étaient verts. Tout dans cette classe était censé faire penser que l’école était la plus “green” possible.
– Euh, je pense que vous avez raison Monsieur, répondit Tommy en espérant que sa réponse plaise au prof.
– Penses-tu, pouvoir faire quelque chose en plus pour l’environnement ?
– On pourrait trier nos déchets par exemple ?
– Pas mal, mais ça a déjà été fait et il faudrait trouver quelque chose de nouveau, répondit Mr Bhaktari en souriant.
– Bhaaa, je pense que si on produisait notre électricité nous-mêmes, ou en tout cas une partie, ce serait mieux pour tout le monde non ?
– Ecoutez tous. Tous les yeux se tournèrent vers le prof. J’ai pensé à quelque invention révolutionnaire, continua t-il. J’ai inventé une nouvelle technologie qui pourrait par exemple servir à alimenter une grande partie de l’école en électricité.
Le prof se tourna alors et alluma le projecteur qui projeta une lumière bleutée dans la salle. Des sortes de schémas électroniques s’affichèrent sur le tableau et sur les tablettes des élèves. Directement, Tommy arrêta de gribouiller sur sa feuille et pour la première fois de sa vie, il se sentit captivé par le cours de son prof de philosophie.
–Mon idée est simple, j’ai créé des capteurs de bruits et de mouvements qui peuvent capter l’énergie ambiante dans un certain espace.
Les yeux grands ouverts, chaque élève se tourna vers le prof. Son idée était révolutionnaire !
– Cela veut dire que par exemple, tout le bruit présent dans la cour pourrait être retransmis en électricité ? demanda Tommy.
– Oui, mais aussi tous les mouvements présents dans la cour et toute l’énergie utilisée dans la salle de sport pourrait aussi être transformée en électricité.
Tommy pensa tout à coup que son prof était un génie. DRIIIIIIIIING la cloche retentit et pour la première fois de sa vie Tommy était déçu que le cours de philosophie se termine si vite.
– A demain ! Si vous voulez, je vous expliquerai la suite de mes projets, dit Mr Bhaktari en souriant à tous ses élèves, et plus particulièrement à Tommy.
Aujourd’hui, mercredi 11 février 2050, Tommy arrive à l’école dans la seule optique d’aller en cours de philo. Ce jour-là, Tommy se rendit lui aussi compte, tout comme son prof Mr Bhaktari, qu’il pouvait changer le monde à lui seul…
Vous ne le savez pas encore, mais en juin 2069, Tommy gagna le prix Nobel d’écologie en réutilisant l’idée de son prof de philo, qui le marqua toute sa vie.
– Maya, Ajsa –
11 février 2050
Je prépare mes affaires pour me rendre dans ma green-school.
J’y vais en marchant, comme mes parents avant moi. Le trajet me prend 10 minutes, je connais le chemin par cœur. Je commence à apercevoir les ombres imposantes de mon école. Elle existe depuis 10 ans. Cette école est une des expériences qui a le plus marqué l’Histoire. Expérience, car pour la première fois, des arbres artificiels peuvent produire de l’oxygène.
Une fois arrivé, je me dirige vers ma salle de cours. Comme chaque fois, je suis impressionnée par la hauteur à laquelle elle se trouve. Je lève les yeux vers la cime des arbres. Une agitation soudaine pique mon attention. J’aperçois, dans la cour de récréation, de nouveaux arrivants. Un groupe d’élèves se forme autour des nouveaux, proposant d’expliquer le fonctionnement de l’école. Le bruit autour d’eux s’intensifie jusqu’à ce que je m’avance et commence l’explication. Je décris l’école, créée suite à une expérience.
Les scientifiques de Green entreprise ont trouvé un moyen de créer artificiellement des arbres. Ils sont aussi vrais que nature, si bien conçus qu’ils produisent de l’oxygène. Une photosynthèse modifiée grâce à de l’eau phosphorescente nous éclaire en cours.
Ils me demandent où se trouvent les classes et la foule autour d’eux indique les arbres, où les cours se donnent. Les nouveaux, avec un air étonné, nous demandent de quelle manière on y accède. Je leur répond qu’on y grimpe. Ils rigolent et demandent comment se passent les cours. Je leur souris et leur dis qu’on n’a pas de professeurs. Ils me regardent bizarrement et me demandent si c’est une blague. Je leur certifie que non, que nous nous donnons les cours nous-même.
Le reste de la journée passe normalement. Les nouveaux ont l’air de bien s’intégrer. Ils n’étaient cependant pas encore montés aux arbres.
A la pause, on leur propose de monter avec nous. Le début se passe bien, mais vers le milieu du tronc, une des arrivantes prend peur et commence à paniquer. Les autres continuent à monter et je vais la voir. Elle sourit à travers les larmes en me voyant. Mais en me regardant, son pied glisse, et son corps bascule dans le vide. Elle hurle de peur. Elle est blême de peur. Elle hurle de plus en plus en se rapprochant du sol. A moins de cinq mètres du sol, j’enclenche le système de sécurité.