Rapport du projet 27 janvier – Ne pas oublier: dialogue avec Simon Gronowski

Rapport du projet 27 janvier – Ne pas oublier: dialogue avec Simon Gronowski

Le projet, « 27 janvier. Ne pas oublier… Dialogue avec Simon Gronowski», dont le professeur réalisateur et référent est Mme Daniela Sanna, a vu encore cette année le précieux support du Fond Communautaire de l’APEEE, qui a permis la réalisation du débat entre le témoin de la Shoah Simon Gronowski et nos étudiants des classes S6 de l’EEB4.

Madame Sanna mène ce projet depuis quatre ans dans l’EEB4, et depuis plus de dix ans dans son activité de professeur en Italie, avec pour objectif la commémoration de la Journée de la mémoire et le jour de l’Holocauste, afin de permettre aux jeunes étudiants une approche plus active à l’histoire moderne, non seulement en passant par un parcours didactique traditionnel, mais surtout à travers un niveau de croissance personnelle et émotionnelle.

Nous avons deux façons différentes d’apprendre l’histoire :

  • Une, indirecte, à travers les livres;
  • L’autre, directe et bien plus rare, à travers le témoignage de ceux qui ont vécu cette histoire.

Dans le projet sont toujours comprises les classes S6, de toutes les sections de l’Ecole européenne IV.

Le projet « 27 Janvier. Ne pas oublier… » Dialogue avec Simon Gronowski, ne veut pas seulement être une rencontre avec des survivants de l’Holocauste ; il se présente plutôt comme un parcours éducatif d’approfondissement de l’histoire et des tragiques événements qui s’y sont déroulés à Auschwitz et pendant les déportations.

Le 2 février 2021, entre 14h20 et 16h, en modalité de visioconférence pour des raisons de sécurité liées au Covid19, EEB4, Monsieur Simon Gronowski, avocat, pianiste de jazz, Président de l’Association des Juifs, a dialogué avec nos étudiants des classes de S6.

Simon Gronowski est un rescapé de l’Holocauste, qui a raconté l’horreur vécu avec les yeux et l’expérience d’un jeune garçon. Sa famille, d’origine juive, a vécu à Bruxelles cachée, pour fuir les nazis. Mais en mars 1943, le cauchemar vient frapper à leur porte. Simon a alors une dizaine d’années et le souvenir de son arrestation reste indélébile. Il raconte aux étudiants que « ce jour-là, nous étions cachés dans un petit appartement. C’était l’heure du déjeuner. Ma mère était assise devant moi, ma sœur était à ma droite. Sur la table, le café était chaud. Ma sœur m’avait, comme d’habitude, préparé mes tartines à la confiture. Tout à coup, la porte s’est ouverte, deux hommes sont entrés en criant « Gestapo papiers ! » Ma mère s’est levée, toute blanche, et elle a tendu sa carte d’identité. Et le nazi s’est montré satisfait. Oui, c’était bien la famille Gronowski, nous avions été dénoncés. »

Sa sœur, sa mère et lui sont immédiatement arrêtés, transportés au siège de la Gestapo et finalement transférés à la caserne Dossin, à Malines, « le Drancy belge » précise Simon Gronowski. Il reste un mois dans ce camp, et le 19 avril 1943, il est contraint, avec sa mère, de monter dans un train. « Un wagon à bestiaux, c’était le 20e convoi. Il transportait 1600 déportés hommes, femmes et enfants. Je ne comprenais pas ce qui se passait, j’étais encore dans mon univers de louveteaux, j’adorais les scouts… Je ne savais pas que j’avais été condamné à mort et que ce train allait me conduire sur le lieu de mon exécution »…

Le débat s’est déroulé en deux parties :

  • 14h20-15h05 : après une introduction du Directeur de l’EEB4, Manuel Bordoy, une présentation du projet de ma part et de Monsieur Pietro Lunetto, Vice President de l’Anpi Bruxelles (Association Nationale des Partisans Italiens), Monsieur Gronowski a raconté son témoignage.
  • 15h10-15h55 : après la pause qui a permis aux étudiants de se rendre dans leurs cours du p9, nous avons recommencé le débat et les étudiants ont interviewés le témoin Gronowski.

Le débat s’est terminé par un petit concert de Simon Gronowski, qui nous dit que pour lui « Le jazz, après la guerre, a été un facteur d’équilibre et d’intégration très important”, quand il s’est retrouvé seul. Il a joué les magnifiques morceaux de Louis Armstrong, Dream a Little Dream of Me, et What a Wonderful World, en nous émouvant au plus profond de nos cœurs.

“Je remercie de tout cœur l’APEEE et le soutien du Community Fund qui, depuis des années, croit dans l’importance de ce projet; tous les gens qui m’ont soutenu dans la réalisation du projet, les étudiants, les techniciens, les collègues, la Direction et le personnel administratif, – car, comme moi, ils en ont compris l’importance et y ont cru.” – Daniela Sanna 

 

Tous les objectifs que le projet voulait atteindre ont été réalisés :

  • Créer de l’empathie avec les victimes et garder leur mémoire en vie ;
  • Souligner l’importance de se souvenir des survivants, des victimes, des libérateurs, temoins en premier ligne de l’histoire passée;
  • Reconnaître que l’Holocauste était une perte pour la civilisation dans son ensemble, ainsi que pour les populations qui étaient directement impliqués ;
  • Comprendre mieux le passé ;
  • Comprendre la menace que les mouvements extrémistes et radicaux de droite et les régimes dictatoriaux exercent ;
  • Sensibiliser l’opinion publique sur les formes de racisme, antisémitisme, de la xénophobie et de toutes les formes de haine ;
  • Promouvoir le respect des droits de l’homme ;
  • Déclencher la pensée critique et la curiosité intellectuelle ;
  • Encourager la responsabilité personnelle des citoyens démocratiques.

La rencontre avec Simon Gronowski a été très positive : pendant le débat plusieurs étudiants ont écrit des commentaire dans la chat du groupe Team, créé pour la visioconférence. Voici quelques témoignages :

  • AKSOY Okan (S6NLA) – Merci beaucoup pour votre témoignage monsieur Simon.
  • AGUSEVSKI Rayan (S6NLA) – Merci beaucoup pour votre témoignage de votre vécu.
  • PINSOLLE Maya Leire (S6FRa) – Merci Monsieur, pour votre joie et votre amour de la vie! C’est formidable de vous entendre parler comme ça après tout ce que vous avez endure. Merci merci et prenez soin de vous.
  • BENKHABECHECHE N (S6FRa) – Merci pour votre temps et bienveillance!
  • LITU Alexia-Marina (S6FRa) – Merci beaucoup pour votre témoignage. C’était très enrichissant émotionnellement et spirituellement.
  • LIEGEOIS Aurélie (Professeur de S6FRc-PHY) – Merci à vous, vous êtes un grand Monsieur! On ne vous oubliera pas! Merci pour ce beau message d’humanité! La classe de S6FRc Philosophie.
  • GEORGESCU Virginia (Professeur d’Art) – Merci beaucoup, c’était merveilleux!

L’Anpi (Association National des Partisans Italiens) a décrit le projet comme très éducatif pour les étudiants, pour la formation de leurs valeurs et il souhaite continuer la coopération dans le projet.

L’événement « 27 Janvier. Ne pas oublier… »: Dialogue avec Simon Gronowski ne se limite pas seulement à une rencontre avec un des survivants de l’Holocauste ; il se présente plutôt comme un parcours éducatif d’approfondissement de l’histoire et des événements tragiques qui se sont déroulés dans les camps de concentration et d’extermination, pendant les déportations massives, dans les casernes comme celle que Gronoswki a connu, la caserne Dossin à Malines.

Il faut prendre conscience que le terme « Holocauste » se réfère à la persécution et à l’extermination systématique et bureaucratique d’environ 6 millions de Juifs, perpétrées par l’Etat à travers le régime nazi et ses collaborateurs. Les nazis, arrivés au pouvoir en Allemagne en janvier 1933, croyaient à la “supériorité de la race aryenne” et qualifiaient l’existence des Juifs de “vie indigne de la vie même”. Pendant l’Holocauste, les nazis ont également persécuté d’autres groupes ethniques ou sociaux pour leur présumée « infériorité raciale ».  Ainsi, les Tziganes (Roms et Sintis), les personnes souffrant de handicap et certaines populations slaves (Polonais, Russes etc …). D’autres seront martyrisés pour leurs idées politiques (en particulier les communistes, les socialistes) ou leur comportement social (entre autres les témoins de Jéhovah, les prêtres chrétiens, les homosexuels) ajoutant un total de 5 millions d’hommes et des femmes exterminés supplémentaires.

En octobre 2002, les Ministres de l’éducation des Pays membres du Conseil de l’Europe ont adopté une résolution qui impose aux États membres l’institution d’une « Journée de la mémoire », pour commémorer l’Holocauste dans toutes les écoles des pays membres. Lors de la 60ème Assemblée plénière, en novembre 2005, les Nations Unies ont institué le 27 janvier (en commémoration du jour de la libération d’Auschwitz-Birkenau) comme journée internationale de commémoration des victimes de l’Holocauste. En outre, les pays membres ont été sollicités pour développer des programmes éducatifs dans le but de transmettre la mémoire de cette tragédie aux générations futures.

Trente-et-un pays membres de l’OCDE sur 55 ont institué un Jour commémoratif de l’Holocauste. En outre, l’Albanie, la Belgique, la Croatie, la République Tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Liechtenstein, la Norvège, l’Espagne, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni ont mis en place légalement l’organisation annuelle de cérémonies et autres événements commémoratifs des victimes de l’Holocauste chaque 27 janvier.

Depuis désormais quatre ans, notre école EEB4 a commencé avec ce projet une adhésion institutionnelle pour commémorer le Jour commémoratif de l’Holocauste, en répondant ainsi à ce que les Pays de l’OCDE ont établie.